samedi 23 janvier 2016

Théâtre - 'Les Parisiens' d'Olivier Py

Les Parisiens –
Théâtre
Texte et mise en scène : Olivier Py

A l’entracte, ma voisine qui trouvait les autres pièces d’Olivier Py effroyables et effrayantes ( lesquelles?), n’a pas aimé la première partie. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle a répondu : « Ce spectacle est assommant. Ce que je lui demande, c’est d’être un bon directeur de festival. » C’est quoi être un bon directeur de festival ? Un gestionnaire déconnecté du monde du spectacle ?
C’est la première fois que j’entends un spectateur, ici une spectatrice, annoncer qu’elle venait voir comment l’argent de ses impôts était dépensé.
 « Est-ce que le metteur en scène et ses acteurs se font plaisir ? » Il vaut peut-être mieux, quel qu’en soit le sujet, non ? Et c’est valable pour tous les domaines de la vie !
 « Est-ce que c’est utile ? », demande-t-elle encore. Quelle est la définition de ‘utile’ en art ? Alors, je lui ai demandé si elle pensait qu’il fallait donner de l’argent à la culture. Elle a répondu ‘oui, si l’artiste a du talent’. Faut-il y mettre une condition ? La notion de talent est très subjective et est aussi politique.
 « Mon argent est-il utilisé à bon escient ? » s’inquiète-t-elle. Ca veut dire quoi ? Son ‘escient’ n’est peut-être pas le même que le mien…On risque de ne pas être d’accord.
 « Le metteur en scène est-il narcissique ? » Mais, c’est le propre des artistes d’être narcissique…Ils ne parlent que d’eux et de leurs préoccupations !
Elle s’est éclipsée dès le début de la seconde partie. Payer pour des artistes en résidence à la Fabriqu’A la contrariait visiblement. Et pourtant, notre discussion était en phase avec les questions posées, explorées par Olivier Py dans sa pièce ‘Les Parisiens’.




Comment résumer quelques-uns des thèmes développés pendant deux heures trente de spectacle?
Il parle de la transcendance (rôle actif dévolu aux hommes), du féminisme, de la prostitution, de la réinvention de l’amour, de l’éducation, de l’immanence (rôle passif dévolu aux femmes), de l’éthique (comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure). Pour lui, l’éthique passe par la beauté et il trouve les femmes sublimes. ‘Et si la réponse personnelle et vécue de chacun d’entre nous face au silence de Dieu était la définition de l’éthique ?’ (Olivier Py)

Le réveil du peuple de gauche, le rôle du théâtre, la notion de genre, les ‘trans’, la Déclaration Universelle de la prostituée qui préfère donner de ‘l’amour’ aux émigrés plutôt qu’aux fils de la bourgeoisie, les solidarités familiales et sociales, l’espoir, le désespoir, l’attente, le patriarcat, le matriarcat, les livres sont autant de thèmes chers à son cœur.

Il affirme que le changement de la société passera par la démocratie. ‘La politique est trop belle pour la laisser aux politiques !’ Il réclame un changement des hommes politiques sexagénaires par la jeunesse. Comment faire la Révolution ? Par la parole et la visibilité. Comment réveiller le peuple de gauche? Il n’y a pas de lendemains qui chantent, mais des présents qui se vivent et se disent. Il envisage des occupations de la Bourse, du Sénat, des chaînes de télévision, des sièges de sociétés américaines. Si l’on mélangeait le bleu, le blanc et le rouge, quelle couleur obtiendrait-on? Un métis à la peau marron… Il décrit un multi-milliardaire qui n’aime que l’argent et son chien, qui n’aime ni les hommes ni les femmes, qui votre extrême-droite (ça vous surprend ?) et qui envisage de léguer un testament de haine à son entourage car il ne veut rien donner à quiconque.


Il parle aussi d’Ulysse, de Pénélope, de Circée, de la guerre de Troie, des corps mutilés sur les champs de bataille, de l’attente. Il refuse le nu sur scène des avant-gardes et le théâtre bourgeois. Et pourtant, il use des mêmes procédés pendant la prestation de sa pièce de théâtre. Il défend le théâtre qui permet la jouissance et pense que la jouissance ne peut pas exister sans mise en scène. Il aimerait écrire un poème, pas du théâtre, ou bien un théâtre-poème. Il veut voir un théâtre parlant d’espoir et d’amour. Les acteurs sont ‘au monde comme n’y étant pas’. (Saint Paul).


Il fait un clin d’œil aux ‘Femen’ en écrivant au-dessus de la poitrine d’une de ses actrices : ‘Désespoir politique’. Mais si un homme écrivait sur son torse nu ‘J’aime l’argent’, il n’irait pas en prison, lui. Les homosexuels ont été victimes d’un déni de visibilité.


Il préfère le terme de ‘travailleuse du sexe’ plutôt que celui de prostitué-e. La chair n’est rien si elle est vide de sens. Il propose de rééduquer les femmes au foyer dans des stages de reconversion.
Il veut inventer un nouveau mode de vie, principalement pour tous les exclus et pour les femmes. Il refuse le patriarcat et le matriarcat. Ni l’un, ni l’autre ! Il rêve d’une humanité adulte. Il revendique une réinvention de l’amour, une suprématie de la vie intérieure, d’une communauté d’esprit libre et fraternelle. Il aborde la notion d'utopie.

‘La vérité n’existe pas. Il n’y a aucun droit autre que la loi du plus fort. Un corps et une âme parfaits sont le contraire de la vie. On n’apprend pas la joie ; c’est une grâce de l’avoir. Faut-il aimer le sacrifice ? Comment vaincre le monde sans arme ?’ Ce sont les questionnements d’un père et de son fils.


Et je n’ai fait que survoler quelques unes des questions soulevées. Allez voir sa pièce de théâtre qui est en phase avec les questions actuelles.


C’est drôle. C’est violent, dense, intense, provocateur, audacieux. C’est joué ‘tambour battant’.  Les jeunes acteurs ‘mettent la gomme’, sont ‘tout feu tout flamme’ et défendent la cause, les causes plutôt, de la pièce.


‘La jeunesse est invulnérable. Il faut survivre ensuite.’ Olivier Py.

On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout, mais on peut y réfléchir.
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Lou Reed
"Take a walk on a wild side"
Traduction des paroles de la chanson:
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